SERGE TISSERON – Si un jeune enfant passe plusieurs heures par jour devant un écran, c’est une situation de carence éducative et affective grave, qui peut se traduire par une forme de repli sur soi. Il en serait de même s’il passait plusieurs heures devant un mur ! Ce qui fait défaut ici, c’est la relation affective et la stimulation dont l’enfant a besoin pour se développer. La symptomatologie induite par ces situations de carence grave est partiellement régressive si les conditions éducatives changent.
Mais même si les formes de repli observées chez ces enfants évoquent certains symptômes de la série autistique, parler d’autisme – ou même d’autisme « virtuel » -, est une source importante de confusion. En effet, l’autisme est une maladie complexe, et les enfants atteints de TSA (troubles du spectre autistique) ne présentent pas des troubles de la communication et de l’interaction sociale liés à un défaut de stimulation. C’est l’ensemble de leurs canaux de perception du monde environnant, du visage et de la parole d’autrui, qui sont affectés, et cela quelle que soit la qualité des stimulations apportées par l’entourage. C’est pourquoi il est préférable de ne pas mélanger les difficultés engendrées par les écrans avec les troubles autistiques dont le déterminisme et l’évolution sont très différents.