Face à la multiplication récente des vidéos et émissions de TV mettant en avant le lien supposé entre un usage excessif des écrans chez les jeunes enfants et la survenue de troubles autistiques, un collectif constitué de professionnels du soin et de la prévention et de chercheurs spécialisés dans les problématiques liées à l’enfance, à l’autisme et aux addictions, tire la sonnette d’alarme dans une tribune au « Monde ». Selon ces experts, ces informations largement relayées par les médias sont non seulement infondées au plan scientifique, mais elles entretiennent un climat généralisé de peur qui ne permet pas de sensibiliser efficacement l’opinion sur les risques liés à un usage excessif des écrans. Il est essentiel pour eux de promouvoir un usage raisonné et raisonnable des écrans mais il est erroné et contre-productif de charger les écrans de tous les maux. Car, comme ils le rappellent :
- aucune étude à ce jour ne permet d’établir un lien entre consommation d’écrans et autisme ;
- le concept d’addiction aux écrans n’a été reconnue ni par l’Académie de médecine (2012), ni par l’Académie des sciences (2013), ni même par le plus récent DSM-5.
Si les risques liés à une pratique excessive des écrans chez les jeunes enfants sont bien réels (conséquences sur l’attention, la concentration, l’empathie, les compétences socio-relationnelles), ce n’est pas en agitant le spectre de l’autisme ou de la drogue qu’on les limitera, mais en faisant un travail d’information et d’éducation pour favoriser l’émergence d’une société connectée et responsable. Car c’est bien là le défi que nous devons relever collectivement.