Saisi par le Directeur Général de la Santé en août 2018, le Haut Conseil de la Santé publique vient de rendre public son avis sur l’exposition des enfants aux écrans. Fondé sur une analyse de la littérature scientifique récente sur le sujet, ce rapport met en avant les effets potentiels ou avérés d’une forte consommation d’écrans sur la santé des enfants, parmi lesquels :
- Sommeil : les effets négatifs d’une forte exposition aux écrans sur la qualité du sommeil sont démontrés avec un niveau de preuve élevé dans de nombreuses études. « L’usage des médias, quel que soit le média, que ce soit juste avant de dormir, mais aussi un usage journalier >2 h après l’école sur chaque support ou 4 h en tout, entraîne significativement une latence d’endormissement ≥ 60 min et un déficit en sommeil ≥ 2 h. Les effets apparaissent après deux heures ou plus d’utilisation par jour et deviennent de plus en plus importants au fur et à mesure que les heures d’utilisation augmentent. »
- Surpoids: si de nombreuses études associent le temps passé devant les écrans à un risque accru de surpoids/obésité, ce sont surtout les comportements associés à la consommation d’écrans qui sont responsables de cette prise de poids : prise alimentaire augmentée, sommeil plus court et de moindre qualité…
- Vision: même s’il n’existe pas de consensus scientifique sur les effets négatifs de l’exposition aux écrans sur la vision des enfants et des jeunes, des effets potentiels sont mis en avant dans un certain nombre d’études : gêne oculaire, fatigue oculaire, sécheresse oculaire, maux de tête, vision floue, vision double… De même, une forte exposition à la lumière bleue peut conduire à un stress toxique pour la rétine et provoquer des lésions du cristallin.
- Développement cognitif: l’analyse des études récentes met en avant des résultats contrastés sur l’impact des écrans sur le développement cognitif et les apprentissages. Toutes mettent toutefois en avant l’importance de l’interaction avec les adultes durant l’utilisation des écrans par les enfants et le fait que les écrans ne remplaceront jamais cette interaction.
- Santé mentale et bien-être: si certaines études montrent l’effet bénéfique d’une utilisation modérée des écrans pour rompre l’isolement de certains jeunes, d’autres mettent en avant les risques liés à une forte consommation chez certains adolescents vulnérables. Ces divergences soulignent l’importance de l’environnement éducatif et socio-économique ainsi que de la vulnérabilité individuelle. Ainsi, les écrans pourraient être des révélateurs de la vulnérabilité des jeunes.
Sur la base de cette analyse, le HCSP établit certaines recommandations pour limiter l’impact négatif des écrans sur les enfants et les jeunes, parmi lesquelles :
- interdire les écrans pour les enfants de moins de 3 ans et les écrans 3D pour ceux de moins 5 ans. Il est recommandé d’éviter la présence des écrans dans la chambre des enfants et de ne pas les laisser regarder la télévision une heure avant de se coucher. De même, il convient de sanctuariser les repas en famille qui doivent être des moments de partage sans la présence d’un écran ;
- accompagner la pratique des écrans en fonction de la nature des écrans (tablette, télévision, jeu vidéo…) et de l’âge des enfants ;
- trouver le juste équilibre entre interdiction et autorisation en consacrant une part importante du temps de loisirs aux activités hors écrans (activités physiques notamment, en extérieur de préférence pour limiter les risques de myopie).