SERGE TISSERON – Les premières alertes ont porté dans les années 1990 sur l’acquisition du langage, puis sur les capacités d’attention et de concentration. Depuis 1997, une étude longitudinale menée par Linda Pagani a montré que les enfants ayant passé plus d’une heure par jour devant la télévision, à l’âge de débuter la marche, sont à 10 ans globalement moins autonomes, moins persévérants et moins habiles socialement. En outre, à 13 ans, ils présentent un risque accru d’isolement social, de se laisser victimiser sans protester, et de comportements violents envers les autres élèves, et tous ces troubles s’aggravent proportionnellement au temps passé devant le petit écran entre 2 et 3 ans. Il ne s’agit toutefois pas d’une étude de causalité, mais de corrélations. Elle ne prouve donc pas de lien direct entre la consommation de télévision à 2 ans et les comportements à 13 ans. Mais elle est très importante parce qu’elle montre qu’une famille dans laquelle on ne met pas de limites à la consommation télévisuelle d’un jeune enfant est une famille dans laquelle les enfants présentent des risques accrus de développer des retards cognitifs et des troubles relationnels. Plus un jeune enfant passe de temps seul devant un écran, et moins il en a pour les expériences interactives et relationnelles indispensables à sa construction mentale. Et plus il a tendance à se constituer en spectateur du monde, et pas en acteur du monde.
Quels sont les principaux risques liés à une exposition importante des enfants aux écrans dans les premières années de leur vie ?
- Date: 26 janvier 2018