Si les écrans deviennent une source de déplaisir voire de souffrance, s’ils isolent et se substituent au monde réel, cela peut signifier que l’on a perdu le contrôle et qu’il devient nécessaire d’agir.
Mais comment retrouver un usage raisonnable ? Quels sont les traitements aujourd’hui proposés par des psychiatres et psychologues de plus en plus sollicités ? Quelles sont les actions à mettre en place individuellement pour limiter une pratique devenue pathologique ?
D’abord, reconnaître que l’on a un problème avec les écrans
Comme pour tout problème, le préalable indispensable à toute action consiste à en admettre l’existence. Pour faciliter cette prise de conscience, il peut être utile de se poser la question : « en quoi les écrans me coupent-ils de la vraie vie, du monde réel » ? « En quoi m’isolent-ils de mes proches, en quoi empiètent-ils sur d’autres activités de ma vie quotidienne » ? Il peut être ainsi pertinent de noter dans deux colonnes les avantages et les inconvénients liés à notre usage des écrans. Le fait de voir que la colonne des inconvénients est bien plus remplie que celle des avantages peut favoriser « le déclic ».
En parler, autour de soi
Parce qu’ils sont souvent des « victimes collatérales » du temps excessif que l’on consacre aux écrans et parce qu’ils peuvent nous fournir un précieux soutien dans une démarche thérapeutique qui peut s’avérer longue et difficile, il est indispensable d’engager un dialogue avec ses proches. De plus, leur parler de son usage problématique des écrans, permet de sortir du secret et de la honte et constitue un premier pas vers la liberté.
Consulter un professionnel
Gérer un usage problématique des écrans passe nécessairement par une prise en charge psychothérapeutique. (pour en savoir plus, voir les contacts utiles).
L’enjeu de cette prise en charge n’est pas tant d’aider le patient à parvenir à l’abstinence que de l’aider à retrouver un usage maîtrisé des écrans, d’avoir à nouveau la possibilité de choisir de se connecter ou non. Pour cela, le psychothérapeute aidera le patient à :
- analyser son comportement et notamment à identifier l’origine de cette utilisation compulsive des écrans qui cache souvent une peur intérieure (peur des autres, peur de la société, peur de sortir, peur de travailler…) ou est utilisée comme un moyen de surmonter une difficulté (divorce, échec professionnel…) ;
- minimiser les avantages de la connexion aux écrans ;
- identifier d’autres sources de plaisir ancrés dans le monde réel. « Pour réveiller les bons désirs, il faut retrouver des activités qui n’ont pas à voir avec l’écran. Redécouvrir la vraie vie et faire un effort actif vers cette vraie vie », Professeur Michel Lejoyeux ;
- mettre en place des stratégies pour gérer le stress et les relations avec autrui.
Dans certains cas, le psychothérapeute pourra être amené à prescrire des médicaments utilisés dans le cadre des addictions.
Intégrer un groupe d’entraide
Des groupes d’entraide sur le modèle des Alcooliques Anonymes existent sur Internet pour permettre aux personnes de partager leurs expériences avec des pairs souffrant comme eux d’un usage problématique des écrans, et in fine de renforcer leur motivation à retrouver un usage normal. Ces groupes font toutefois régulièrement l’objet de critiques car ils utilisent comme vecteur, Internet, qui est souvent à l’origine du problème lui-même.
Multiplier les occasions de réinvestir le monde réel
Au-delà du suivi médical indispensable, la personne souffrant d’un usage problématique des écrans peut mettre en place, à son niveau, différentes actions ayant pour objectif de réintégrer le réel en redonnant une place centrale à tout ce qui est indépendant de la technologie. Il peut s’agir notamment de :
- reprendre goût aux activités hors écrans : voir un spectacle, lire, bricoler, écouter de la musique, etc. ;
- faire du sport pour contrebalancer le plaisir de la connexion ;
- multiplier les contacts réels et ne pas se contenter des contacts virtuels offerts par la toile : prendre des nouvelles de ses proches par une rencontre de visu peut aider les personnes souffrant d’un besoin irrépressible de s’informer sur le web, etc. ;
- multiplier les périodes de déconnexion en se lançant des défis réalistes : commencer par se déconnecter une heure, puis plusieurs heures et enfin plusieurs jours. Au besoin, il pourra être pertinent d’utiliser un logiciel pour bloquer Internet au début pour faciliter ce travail de régulation ;
- « casser » les automatismes ; ne plus se connecter machinalement à son écran d’ordinateur ou de téléphone, mais se poser à chaque fois la question « pourquoi ai-je besoin de le faire ? » et « est-ce vraiment indispensable ? ».