L’un de vos proches passe de plus en plus de temps sur les écrans connectés ou devant la télévision mais vous ne savez pas si ce comportement doit réellement vous inquiéter.
Comment être sûr(e) que sa consommation est problématique ? Comment aborder la question avec lui ? Comment faire face au déni derrière lequel il risque de se replier ? Comment l’aider et se faire aider ?
Comment détecter si un proche a un usage problématique des écrans ?
Tout d’abord, si vous vous posez la question cela signifie sans doute que vous avez remarqué certains signes d’alerte.
A-t-il modifié ses habitudes, son rythme de vie ? Passe-t-il de plus en plus de temps chaque jour devant les écrans ? A-t-il délaissé certaines activités au profit des écrans ? Montre-t-il des signes de désintérêt pour des sujets qui lui tenaient à cœur auparavant ou de désimplication vis-à-vis de ses études ou de son travail ? A-t-il tendance à moins sortir, à limiter les contacts physiques avec ses proches ? Est-il d’humeur irritable lorsqu’il est dans l’impossibilité de se connecter en raison de facteurs indépendants de sa volonté (contrainte professionnelle ou familiale, problème technique…) ? Ses habitudes alimentaires ou son rythme de sommeil ont-ils changé ?
Cette liste de questions est loin d’être exhaustive et n’a aucune valeur scientifique. Si elle peut vous aider à confirmer votre inquiétude, elle ne remplacera jamais votre ressenti, votre perception qu’il convient souvent de suivre.
Un frein principal : le déni du mésusage des écrans
L’entourage familial est souvent le premier à s’inquiéter du problème de pratique excessive des écrans. C’est donc en général lui qui lance la recherche d’information sur Internet, qui pose des questions sur les forums et in fine sollicite l’avis d’un expert (psychologue ou psychiatre). La raison en est simple : le premier obstacle rencontré dans la démarche thérapeutique est le déni du problème. La personne qui souffre d’un usage pathologique des écrans a souvent du mal à le reconnaître car les écrans font partie intégrante de sa vie quotidienne et de la vie quotidienne en général. Comment y voir dès lors quelque chose de néfaste d’autant que son usage ne fait en apparence de mal à personne ?
Comment aborder le sujet ?
Le sujet sera d’autant plus difficile à aborder avec votre proche que celui-ci se réfugiera dans le déni. Ces quelques conseils peuvent être utiles pour vous aider à engager un dialogue malgré cette difficulté :
- armez-vous de patience : dites-vous qu’une démarche thérapeutique pour venir à bout de ce type de problème demande nécessairement du temps et se fait par étape : la personne doit d’abord reconnaître et accepter l’existence de son problème avant de le prendre en charge. Si à un instant t, elle refuse d’affronter la situation cela ne signifie en aucun cas que son refus est définitif. Respectez son rythme de progression dans sa démarche ;
- ne choisissez pas la voie de la contrainte au risque d’entraîner une situation de blocage : s’il peut être légitime d’avoir envie de forcer votre proche à se faire soigner, c’est irréaliste. La réussite d’une prise en charge repose sur une alliance entre un thérapeute et un patient, alliance qui ne peut exister sans le consentement mutuel. De même, les menaces ou le chantage sont des attitudes vouées à l’échec ;
- essayez de créer un climat de confiance pour engager le dialogue en douceur : commencez par exprimer votre ressenti, votre inquiétude. Expliquez-lui en quoi vous avez le sentiment que ce problème avec les écrans génère une souffrance pour vous mais aussi et surtout pour lui. Laissez-lui en retour la possibilité d’exprimer ce qu’il ressent, la façon dont il perçoit la situation. Si vos visions sont divergentes, prenez-en acte sans créer de tensions inutiles, sans lui faire des reproches, ni le culpabiliser ou le dévaloriser. Ces attitudes risqueraient de fragiliser la confiance mutuelle et de compromettre la poursuite du dialogue ;
- au besoin, impliquez des tiers : être trop proche de la personne qui a un problème avec les écrans peut parfois être un frein au dialogue. N’hésitez pas dès lors à vous appuyer sur d’autres personnes de son entourage pouvant être des intermédiaires efficaces ou à solliciter l’aide de professionnels (médecin de famille, psychologues, psychiatres…) ;
- trouvez la juste place : proposez-lui de l’aide, une écoute, un accompagnement à chaque étape de sa démarche tout en restant conscient des limites liées à votre rôle. Si vous pouvez le conseiller, lui seul a, in fine, la capacité d’agir pour sortir de son problème.
Comment se faire aider ?
Aider un proche à sortir d’un usage pathologique des écrans peut être une démarche longue, difficile et jalonnée d’obstacles. Il peut ainsi arriver que l’on se sente parfois perdu, dépassé ou impuissant. C’est à ce moment-là qu’il devient indispensable de solliciter l’aide de professionnels. Cette aide ne vous engage à rien. Elle peut être ponctuelle ou s’inscrire dans un accompagnement dans la durée. L’objectif est de vous aider à surmonter les difficultés rencontrées, de vous aider dans la démarche à suivre pour aider au mieux votre proche.
Vers qui vous tourner ?
Votre médecin de famille qui a généralement une bonne connaissance de votre environnement peut être un premier recours utile. D’autres structures plus spécialisées peuvent également vous proposer un soutien et un accompagnement efficace sur ce type de problématique :
- Les CMP ;
- Les CMPP ;
- Les Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA).
Enfin, les addictologues libéraux ou services addictologies des hôpitaux peuvent également être consultés dans le cadre d’un usage problématique des écrans.