Comme le rappelle Serge Tisseron, « ce ne sont pas les écrans qui sont toxiques, c’est leur mauvais usage ».
Les supprimer de nos vies serait aussi illusoire qu’inutile. L’enjeu n’est pas tant de les éviter que de savoir distinguer le bon du mauvais usage.
A quel moment l’utilisation des écrans peut-elle devenir un problème ?
Peut-on aller jusqu’à parler d’une addiction, similaire à la dépendance aux drogues ?
Ces questions sont au cœur du débat public. Le caractère relativement récent du phénomène, le manque de recul et l’absence de consensus scientifique invitent toutefois à la prudence.
Des Français qui sous-estiment leur pratique des écrans
Selon la dernière étude Elabe réalisée en juin 2019 par AXA Prévention en collaboration avec l’association SOS Addictions, il existe un décalage entre les perceptions et la réalité des pratiques en matière de nouvelles technologies. Deux tiers des Français considèrent en effet avoir un usage maîtrisé de leurs écrans, et ils estiment en moyenne à 4 heures et 6 minutes le temps consacré aux activités digitales chaque jour.
Or, la réalité semble plus nuancée puisqu’ils passent déjà 3 h 36 quotidiennement devant un écran de télévision et sont nombreux à avoir des habitudes de connexion qui tendent vers l’excès :
- 61 % des personnes interrogées ont pour premier réflexe de consulter leur portable ou tablette au saut du lit ;
- 58 % utilisent plusieurs écrans en même temps (exemple : télévision et smartphone) ;
- 48 % consultent leur téléphone ou leur tablette toutes les 10 minutes par peur de rater une information.
Quand parler d’usage problématique des écrans ?
Si l’on surfe sur Internet plus de quatre heures par jour, qu’on laisse la télévision allumée toute la journée, ou que l’on est accro à son portable au point de s’endormir et de se réveiller avec et de ne plus pouvoir s’en passer, est-on dans un usage problématique des écrans ? Pas nécessairement ! En effet, plusieurs conditions doivent être réunies pour que l’on parle de pratique excessive voire pathologique des écrans :
- le comportement devient exclusif : les écrans deviennent le principal centre d’intérêt de la personne qui ne vit que pour eux au détriment de tout le reste (sa vie privée, sa vie sociale, ses loisirs habituels, son travail…) ;
- la personne « perd le contrôle » : le plaisir l’emporte sur la raison, le besoin irrépressible l’emporte sur le désir, l’autorégulation devient impossible et le sentiment d’insatisfaction est permanent (on n’a jamais assez d’écrans) ;
- un sentiment de manque ou de malaise s’installe en cas déconnexion ;
- la pratique des écrans a des conséquences négatives durables au plan social, professionnel et psychologique (pour en savoir plus, voir « Les conséquences d’un usage excessif ») ;
- elle génère de la souffrance pour la personne mais aussi pour ses proches.
« S’il est normal de se connecter, il est en revanche anormal d’en souffrir. »
Pour en savoir plus : « Comment savoir si l’on est dans un usage à risque ? »
Internet : Les différentes catégories d’utilisateurs excessifs
De nombreux psychiatres ont essayé de classifier les personnes ayant une pratique excessive d’Internet. Parmi les différentes classifications, une des plus répandues regroupe les individus ayant un usage problématique d’internet en cinq catégories :
- la cybersexualité (participer à des activités à caractère sexuel en ligne, soit par le moyen de « tchat » ou de vidéoconférence « webcam ») et la cyberpornographie (regarder, télécharger ou acheter de la pornographie en ligne) qui sont les formes les plus répandues d’usage problématique d’internet ;
- les cyberrelations tels que les tchats, les courriels, les réseaux sociaux ;
- les jeux vidéo en ligne ;
- les dépendances à caractère monétaire tel que les enchères en ligne, les casinos en ligne, et les achats en ligne ;
- le surf compulsif à la recherche d’informations (infolisme) qui consiste à amasser d’importantes quantités de contenus et d’informations en ligne.