L’exposition prolongée aux écrans peut être source d’inconfort, voire de douleur au plan visuel. La plupart d’entre nous en avons eu la malheureuse expérience.
Mais quels sont les risques réels pour nos yeux ? Au-delà de ces désagréments passagers, les écrans peuvent-ils à terme favoriser l’apparition de problèmes visuels plus graves comme la DMLA ou la myopie ?
La lumière bleue des écrans est-elle toxique pour nos yeux ?
Notre exposition à la lumière bleue ne cesse d’augmenter depuis quelques années avec l’utilisation croissante des éclairages artificiels et des écrans. Cette exposition est-elle pour autant une menace pour nos yeux ? Dans la mise à jour de son expertise de 2010 sur les LED, publiée en mai 2019, l’ANSES confirme les dangers de cette lumière « riche en bleu » qui a pour caractéristique d’avoir une plus courte longueur d’onde et, par conséquent, de produire une plus grande quantité d’énergie. Ce rapport qui s’appuie sur l’analyse des dernières données scientifiques sur le sujet, met en évidence deux types d’effets délétères sur la rétine :
- des effets phototoxiques à court terme liés à une exposition aiguë;
- des effets à long terme liés à une exposition chronique, qui augmentent le risque de survenue d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
L’ANSES attire notamment l’attention sur la plus forte vulnérabilité des enfants et des jeunes dont les yeux ne filtrent pas complètement la lumière bleue. Pour ces raisons, elle recommande de limiter leur usage des sources importantes de lumière bleue que sont notamment les smartphones et tablettes.
Au-delà de cette toxicité qui peut conduire à une baisse de la vision, l’agence met aussi en évidence un risque de perturbation des rythmes biologiques et du sommeil en cas d’exposition, même faible, à la lumière bleue le soir ou la nuit.
En théorie, il ne faudrait pas plus d’une heure d’exposition par jour pour un enfant de 6 ans, deux heures à l’âge de 12 ans. Pour les jeunes adultes de 20 ans, c’est au maximum trois heures. Mais nous savons pourtant que ces durées ne sont pas respectées.
Professeur Gilles Renard, Société française d’ophtalmologie.
La pratique intensive des écrans peut-elle rendre myope ?
La myopie ne cesse de gagner du terrain dans les pays industrialisés. La diminution des activités de plein air combinée à l’augmentation des activités sollicitant la vision de près (lecture, utilisation des écrans sous toutes les formes, …) est le principal facteur expliquant l’épidémie de myopie observée dans le monde, notamment en Asie du Sud-Est. D’une manière générale, il faut favoriser les activités extérieures chez les enfants.
Il y a un abandon de la vie en plein air que pouvaient avoir nos grands-parents. On travaille aujourd’hui beaucoup sur les écrans et de plus en plus près. Le fait de faire jouer ses enfants dehors tous les jours peut par exemple contrer l’apparition de la myopie.
Pr Nicolas Leveziel, CHU de Poitiers, membre de l’Observatoire sur le bon usage des écrans.