Vos Questions

Non, pas nécessairement. La pratique excessive des jeux vidéo n’est pas systématiquement problématique. Passer beaucoup de temps sur des jeux vidéo peut être une passion saine, sans impact négatif durable sur la vie du joueur. En revanche, il faut s’inquiéter lorsque le joueur commence à s’isoler, à se couper des relations sociales et à se réfugier dans le monde des écrans pour fuir le déplaisir ressenti dans le monde réel. Jouer au jeu vidéo en-dehors de ses heures de travail peut être une source de détente et d’épanouissement comme une autre. En revanche, s’absenter de son travail ou négliger ses études pour s’adonner aux jeux vidéo est un signe révélateur d’un usage pathologique.
Non. Aucune étude scientifique n’a permis d’établir à date un lien entre l’usage abusif des jeux vidéo à l’adolescence et un usage pathologique à l’âge adulte. Ce qui n’est en revanche pas le cas des addictions aux produits comme à l’alcool ou au tabac, pour lesquelles une consommation importante à l’adolescence augmente les risques de dépendance à l’âge adulte.
Pas forcément. Il peut s’agir d’un engouement passager qui n’aura pas de conséquences durables sur sa vie et lui permet de vivre de nouvelles expériences, de tester de nouvelles modalités relationnelles et de se construire. En revanche si cette nouvelle passion contribue à l’isoler, à lui faire délaisser ses relations amicales ou à négliger sa scolarité, autrement dit si elle contribue à « rétrécir son univers », on est probablement face à un usage problématique des jeux vidéo.
Aucune étude scientifique ne permet aujourd’hui de dire qu’il existerait une forme de dépendance ou d’addiction aux écrans équivalente à celle sur les drogues classiques, le tabac ou l’alcool.
Il a notamment été prouvé que les molécules et réseaux neurobiologiques impliqués dans la pratique des écrans étaient sans similitude avec ceux impliqués dans les addictions aux substances. Par ailleurs, selon Marc Griffith, spécialiste reconnu des addictions, les deux principales composantes de l’addiction, le sevrage et le risque de rechute, n’existent pas pour les jeux vidéo ou Internet.
Cela peut l’être. Toutes les études menées récemment mettent en avant les risques liés à l’exposition aux écrans passifs des enfants de moins de trois ans. Non seulement, ils n’ont rien à y gagner en termes d’éveil, contrairement à ce que certains messages publicitaires laissent entendre, mais ils ont beaucoup à perdre en termes d’apprentissage. Des travaux menés notamment par des chercheurs de Harvard ont montré l’impact de la télévision sur l’acquisition du langage. Un enfant issu d’un milieu favorisé vivant dans une maison avec télévision apprendra 7% de mots en moins par heure consommée de télévision. Au final, il aura le même niveau de langage qu’un enfant issu d’un milieu bien plus défavorisé.
Depuis le 1er janvier 2017, la loi El Khomri prévoit la possibilité pour les salariés de se déconnecter en dehors de leurs heures légales de travail sans se faire sanctionner par leur employeur. Cette loi ne concerne toutefois que les entreprises de plus de 50 salariés qui ont l’obligation d’ouvrir des négociations sur les modalités du droit à la déconnexion et de mettre en place « des dispositifs de régulation des outils numériques en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que la vie personnelle et familiale » des salariés.
Non. Si la loi travail oblige les employeurs des entreprises de plus de 50 salariés à ouvrir des négociations pour fixer les modalités du droit à la déconnexion des salariés, elle ne prévoit aucune sanction pour ceux qui ne le feraient pas. Toutefois, pour limiter le risque qu’un salarié en situation d’épuisement pour cause d’hyperconnexion n’engage une procédure contre lui, tout employeur a intérêt à rechercher un accord collectif pour limiter l’utilisation des outils numériques en dehors des heures de travail.
Cette solution est loin d’être l’unique moyen de limiter les temps de connexion des salariés durant leurs périodes de repos. De plus, elle n’est pas la plus facile à mettre en œuvre. En effet, bon nombre de cadres apprécient de pouvoir gérer leurs mails le soir à la maison pour ne pas avoir une journée de travail trop chargée. Les priver de cette possibilité, c’est restreindre leur liberté d’organiser leur travail comme ils le souhaitent et porter atteinte à leur autonomie. Il est donc important d’engager une discussion au sein de l’entreprise avec l’ensemble des parties prenantes impliquées afin de trouver la solution de déconnexion la plus adaptée aux contraintes des salariés et à la vie de l’entreprise. De plus, il faut garder en tête que le changement ne passera pas uniquement par des systèmes de régulation « techniques ». Chacun doit essayer de réguler ses propres usages en privilégiant la communication orale sur les mails à chaque fois que c’est possible, en évitant le recours systématique aux fonctions « envoyer à tous » ou « répondre à tous », etc.
En l’état actuel des connaissances, il semble que la pratique excessive des écrans n’altère pas la vision et n’est pas en cause dans le développement de la myopie.
Toutefois, les activités intensives et prolongées sur écrans dans de mauvaises conditions peuvent entraîner des troubles visuels plus ou moins gênants : sécheresse, fatigue, picotements, maux de tête… D’où la nécessité d’adopter un certain nombre de mesures pour limiter ces effets négatifs des écrans au plan visuel.
Surveiller les activités de son enfant sur Facebook n’est pas souhaitable et peut s’avérer rapidement vain. L’expérience montre en effet que les enfants qui s’en aperçoivent rusent pour échapper au contrôle parental en utilisant plusieurs adresses, plusieurs pseudos, etc. De même chercher à être ami avec son enfant sur Facebook risque d’être contreproductif et peut générer plus de problèmes que d’avantages. L’enfant qui est ami sur Facebook avec l’un de ses parents risque en effet de s’affranchir de l’obligation de demander sa permission lorsqu’il envisage de sortir par exemple, à partir du moment où il en a fait la publication sur ce réseau social. Or, les parents ne se connectent pas toujours régulièrement à Facebook et risquent donc de rater ce type d’informations. Les réseaux sociaux ne doivent en aucun cas se substituer au dialogue oral entre parents et enfants. Enfin, être ami avec son enfant sur Facebook c’est prendre le risque d’avoir accès à des informations personnelles et intimes sur son enfant, dont tout parent respectueux ne devrait pas avoir connaissance.
La tablette interactive peut être utilisée par les jeunes enfants à certaines conditions :
- cette utilisation de la tablette doit toujours se faire en présence d’un adulte pour guider l’enfant dans ses jeux et découvertes ;
- cette utilisation doit être occasionnelle et limitée dans le temps ;
- elle ne doit en aucun cas se substituer aux jeux traditionnels ou restreindre le temps consacré à ces jeux qui jouent un rôle essentiel dans le développement des jeunes enfants en leur permettant d’interagir avec leur environnement (sentir, écouter, toucher…).
Il est recommandé de ne pas le faire avant que l’enfant n’ait atteint l’âge de 6 ans. Laisser un enfant de 4 ans jouer seul sur une console de jeu personnelle, c’est en effet prendre le risque que ce type de jeux ne deviennent son centre d’intérêt exclusif, que son attitude ne devienne compulsive et qu’il se réfugie dans ces jeux virtuels pour fuir le monde réel.
Le décrochage scolaire associé à un temps d’exposition important sont en effet les principaux signes pouvant révéler un usage problématique des écrans. Sans dramatiser, il est donc indispensable d’être vigilant(e), et surtout d’engager un dialogue avec votre enfant pour lui faire part de votre inquiétude et connaître son ressenti. Une fois la prise de conscience amorcée, vous pourrez l’aider à fixer des limites pour qu’il apprenne à réguler sa pratique et, le cas échéant, l’inciter à consulter un spécialiste
Consacrer une part importante de sa vie aux écrans peut révéler un problème latent que l’enfant cherche à résoudre ainsi. La première étape consiste donc à engager un dialogue dans la confiance pour essayer de comprendre les raisons qui ont poussé votre enfant à se réfugier dans les écrans (problème familial, déception amoureuse, souffrance à l’école, etc.). Ensuite, essayez de vous intéresser à ses activités virtuelles et aidez-le à fixer en douceur des règles pour retrouver un usage normal des écrans et limiter son temps de connexion. En parallèle, entraînez-le vers des activités hors écrans, à pratiquer en famille si possible pour lui éviter un sentiment de vide. Enfin, si vous sentez que vous ne pouvez pas gérer la situation seul(e), n’hésitez pas à solliciter l’aide d’un spécialiste.
N’hésitez pas à en parler en premier lieu à votre médecin de famille qui vous connaît souvent bien, ainsi que vos proches.
Sachez ensuite qu’il existe des structures spécialisées pouvant être des relais efficaces pour la prise en charge de ce type de problématique : CMP, CMPP, CSAPA, CJC, etc...
Enfin, les addictologues libéraux et services spécialisés en addictologie des hôpitaux proposent également des consultations pour les patients souffrant d’un usage abusif des écrans.

Pour en savoir plus


Le fait que vous ayez pris conscience de votre problème est déjà encourageant et un premier pas vers la solution. Beaucoup de personnes ayant un usage problématique des écrans refusent en effet de le reconnaître et se réfugient dans le déni. Une fois cette prise de conscience faite, parlez-en à votre entourage. Le fait de parler de votre problème et de ne plus y être confronté seul pourra vous soulager, vous déculpabiliser et vous aider à mieux vivre votre démarche. Enfin, nous vous conseillons de consulter un professionnel spécialisé dans la gestion de ce type de problèmes. Il vous aidera à comprendre l’origine de votre usage compulsif des écrans et vous aidera à trouver des solutions pour reprendre le contrôle de votre vie, et retrouver la liberté de vous connecter ou non.
Le temps passé devant les écrans n’est pas un critère suffisant pour parler d’un usage problématique des écrans. Le signe le plus révélateur de ce type de problèmes est la rupture des liens sociaux. On sait ainsi que la pratique des écrans n’est plus normale lorsque toute la vie tourne autour d’eux, qu’ils limitent les relations sociales et les activités de la vraie vie (travail, famille, loisirs traditionnels, études…).
Aider une personne à sortir d’un excès n’est jamais facile. La première étape est d’engager un dialogue avec lui, de nouer une relation de confiance pour l’aider à prendre conscience de son problème. Essayez de comprendre les raisons qui l’ont amené progressivement à placer les écrans au centre de sa vie, sans le culpabiliser ni le juger. Expliquez-lui également votre ressenti et en quoi sa pratique des écrans vous inquiète et vous fait souffrir. Par l’échange et le dialogue, vous pourrez l’amener à reconnaître le problème, étape indispensable à toute prise en charge thérapeutique. Au besoin, impliquez des tiers (amis, parents…) qui pourraient également être des soutiens efficaces pour votre conjoint. Enfin, soyez patient et ne le forcez pas à consulter. Cette démarche doit venir de lui pour être efficace. Vous pouvez bien sûr le conseiller, l’orienter vers un spécialiste mais dans tous les cas lui seul a la capacité d’agir pour s’en sortir.
Si le risque de rechute est souvent important sur les addictions aux produits (tabac, drogue, alcool), il n’en est pas de même pour l’usage problématique des écrans. Ce dernier n’est en effet pas reconnu comme une addiction par la communauté scientifique et ne s’accompagne pas de symptômes de sevrage physiologique ni de risque de rechute. En revanche, il est important de se demander pourquoi et dans quelles circonstances on est passé d’un usage raisonnable à un usage excessif des écrans. 
Comme le montre l’enquête PELLEAS (Programme d’étude sur les liens et l’impact des écrans sur l’adolescent scolarisé) menée auprès de plus de 2 000 élèves de la région parisienne (de la 4ème à la 1ère) pendant l’année scolaire 2013-2014, l’encadrement parental est un facteur protecteur à l’égard notamment de la pratique excessive des jeux vidéo. Ainsi, les jeunes affirmant qu’ils ne peuvent pas parler facilement à leurs parents ni trouver du réconfort auprès d’eux ou qui déclarent que leurs parents ne savent pas où ils sont le soir sont plus sujets à un usage problématique des jeux vidéo. Le fait d’avoir des parents fixant un cadre et des modalités d’utilisation des écrans est donc un facteur protecteur. Pour autant ce facteur n’est pas un rempart suffisant contre l’usage problématique des écrans. Au-delà de ce facteur, cinq comportements révélateurs du niveau de vigilance des parents se retrouvent plus fréquemment chez les jeunes ayant un usage problématique des jeux vidéo :
- rester connecté le soir tard dans la nuit ;
- s’endormir devant l’écran ;
- négliger ses repas pour rester connecté ;
- refuser de sortir pour rester devant son écran ;
- avoir une interdiction temporaire d’écrans instaurée par les parents.
D’après la même enquête, PELLEAS, certains facteurs augmentent les risques d’avoir un usage problématique des jeux vidéo à l’adolescence :
- le sexe (les garçons sont plus exposés que les filles) ;
- le fait de jouer seul ;
- le fait de ne pas supporter d’être empêché de jouer ;
- le fait de déclarer le jeu vidéo comme « une des choses les plus importantes dans la vie » ;
- le fait d’avoir sa console de jeux personnelle ;
- les signes de mal être ;
- le manque d’encadrement et de soutien parental ;
- le fait d’avoir des parents qui passent eux-mêmes beaucoup de temps devant les écrans ;
- le fait d’avoir déjà redoublé.
Vous avez raison, la période des vacances est le moment idéal pour réguler votre usage des écrans. Vous serez plus détendu, moins sous pression et profiterez mieux de vos proches. Vous avez tout à y gagner !
Ces quelques conseils peuvent vous aider à vous déconnecter en douceur :
- soyez mesuré : ne cherchez pas la déconnexion totale car elle risque d’être difficile à vivre, d’autant que le téléphone portable peut vous rendre bon nombre de services en vacances, comme par exemple pour prendre des photos ou vous amener à bon port (GPS). Fixez-vous plutôt des limites : un temps de connexion limité dans la journée à des moments opportuns et qui ne viendront pas « polluer » les bons moments passés avec vos proches (ex. : mieux vaut attendre le retour de la plage pour se reconnecter) ;
- profitez des vacances pour casser les mauvaises habitudes prises dans l’année et adopter des règles de bon usage à poursuivre à la rentrée : pas de téléphone à table, au réveil ou au coucher… ;
- associez également vos enfants à cette démarche de déconnexion : fixez-leur un temps d’écrans limité dans la journée, multipliez les activités sans écrans (jeux de société, activités sportives, culturelles, ballades…) et ne cédez pas à la tentation de laisser votre petit dernier manipuler votre téléphone au restaurant pour avoir la paix !